Fero i te tumu i Moorea 2022

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“Fero i te tumu i Moorea” était le thème choisi par l’enseignante Karine Leocadie (PRCE en LP et doctorante UA au CRREF) et des étudiants de deuxième année de LLCER spécialité Langues polynésiennes, quelques LLCER-LP 1, une étudiante de L1 Économie-Gestion, un étudiant de L2 Droit, deux étudiantes du PAD (Parcours adapté), lors d’un séjour linguistique, socio-didactique, pédagogique et culturel, réalisé sur l’île de Moorea, chef-lieu de la commune de Moorea-Maiao, du 06 au 09 juin 2022.

La Présidente du site culturel Te Pū ’Atiti’a, Teurumereariki Hinano Murphy, expert en savoirs ancestraux traditionnels polynésiens, nous a réservé, par le biais de son personnel, en l’occurrence, sa fille Terava et l’orateur Tauira, un accueil chaleureux suivi d’un échange culturel entre ces derniers et les étudiants, lesquels avaient offert un corossolier (annona muricata), planté sur le site, cet arbuste médicinal encore utilisé par les polynésiens de nos jours. 

 

L’objectif de ce travail réflexif est de (re)montrer la particularité et la richesse de l’île merveilleuse de ’Aimeho-nui-i-te-rārā-varu (’Aimeho nui aux huit radiations), aujourd’hui appelée Moorea, île pleine de légendes, de mythes et d’histoires à (re)découvrir. 

Accueil chaleureux sur le site culturel Te Pū ’Atiti’a

A ce sujet, ce sont des personnes-ressources telles que le pasteur Maehaa du temple octogonal de Papetoai, les enseignants Rua reo (2 classes bilingues à parité horaire, Tahitien-Français), à travers un travail interdisciplinaire contextualisé dans la vallée d’Opunohu, proposé par l’enseignant Rahiti Buchin et ses collègues, ainsi que leurs élèves inscrits en 5ème 2 et 5ème 4, du collège d’Afareaitu.

 

Nous n’oublions pas de citer, pour réaliser ce projet collaboratif et co-élaboratif, l’enseignant du dispositif LMDS du collège Maco Tevane à Taunoa, Franck Tahitia Taputuarai, ancien Tavana de Haapiti, expert en Rahui (dispositif de préservation des ressources naturelles), spécialiste du ahimā’a (four tahitien), expert dans la mise en pratique du tarena mā’ohi (calendrier lunaire polynésien) qui a su tisser progressivement des liens solides pédagogiques et culturels avec le public ciblé.

Sa grande fierté de vouloir transmettre en immersion les légendes de sa terre natale, Moorea, a pu se réaliser grâce à la transmission intergénérationnelle qui lui a été offerte à l’époque par son grand-père Hamemu Tapao, le pasteur protestant de Haapiti et son père René Tahitia Taputuarai, grand détenteur de savoirs ancestraux polynésiens.

 

À son tour, partager et transmettre aux étudiants de l’Université de la Polynésie française, tout ce patrimoine culturel porteur de sens est une stratégie d’appropriation de ses Mémoires enfouies dans les entrailles qui mériteraient aujourd’hui d’être connues et (re)transcrites, en respectant le registre de langue adapté (français-tahitien-anglais) pour en faire un ouvrage historique plurilingue. 

C’est justement le terme en tahitien fero qui permet de (re)lier, attacher, rassembler, (re)nouer toutes ces forces vives de la richesse du tuatua’ā’ai, des légendes, des mythes, des histoires ancestrales, des toponymes de Moorea, à celles des étudiants de l’UPF, ce lieu de réflexion par excellence, de transmissions des savoirs et des connaissances scientifiques.

 

Au travers de ce séjour, les étudiants de l’UPF ainsi que les doctorants de l’Université de Berkeley, celles de l’Université des Antilles et de l’Australie étaient amenés à saisir une occasion unique de vivre une expérience authentique tissée sur la culture océanienne en adoptant une démarche tridimensionnelle : en contextualisant les savoirs théoriques à travers un  travail pluridisciplinaire, en étant à l’écoute du terrain, puis en interagissant et en communiquant rien qu’en langues polynésiennes (reo pa’umotu, reo tuha’a pae, reo enana/enata, reo ma’areva, reo māori, reo vaihi),

et tout spécialement en reo tahiti afin d’améliorer leurs compétences linguistiques et culturelles polynésiennes.

 

Dit autrement, les langues rencontrent dans cette immersion interculturelle polynésienne une vraie contextualisation qui permet aux étudiants, des sujets agissants et performants, de réinvestir sur le terrain (enquête, récolte de données, enregistrements sonores et audiovisuels, transcription des données), de mieux se connaître, d’être autonome et libre afin de pouvoir changer de posture et de devenir, non plus de simples étudiants, mais de vrais acteurs, sujets agissants, des étudiants-chercheurs afin de gagner en compétence, en performance et en efficacité dans le système LMD.


D’ailleurs, leurs productions écrites en langues polynésiennes (pehe, ru’au, tarava, pehepehe, pata’uta’u, ’a’ai, ’orero, fa’ati’ara’a parau, ha’uti teata ora, fa’anahora’a i te tahi tuatapapara’a mā’imi…)

seraient l’occasion qui s’offre à cette communauté universitaire de pouvoir contextualiser, récolter des données sur le plan archéologique, socioculturel, didactique, religieux et politique, en instaurant la vraie dynamique d’une communication collaborative et authentique, avec pour finalité de faire perdurer toutes les langues et toutes les cultures polynésiennes valorisant ainsi la promotion de la diversité interculturelle et plurilingue en Océanie et plus largement sur le plan international. 

 

C’est pourquoi, nous n’hésitons plus à faire un arrêt sur le deck de la cafétéria pour contempler ce merveilleux tableau vivant sur Moorea et de, tout simplement, nous inspirer de cette réelle source tout plein de Mana, afin que “ ’Ia fero i te tumu i Moorea ” se tissent des liens scientifiques, sociodidactiques et culturels forts entre, non seulement Teti’aroa et l’Université de la Polynésie française, mais aussi avec l’île sœur de Moorea-Maiao.