Conférence « Savoirs pour tous » : L’école en Polynésie française : de quel legs colonial parle-t-on ?

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Date de l'événement :
Amphi A3 de l'UPF
Marie SALAÜN, Professeure des universités en anthropologie de l’éducation à l’université Paris Descartes, interviendra sur le thème « L’école en Polynésie française : de quel legs colonial parle-t-on ? », le jeudi 20 avril 2017 à 18h15 en amphi A3.

Présentation de la conférence

L'histoire coloniale est mobilisée de façon très paradoxale dans les diagnostics sur l'état du système éducatif polynésien. Soit elle est niée, quand est convoquée une "culture polynésienne" hors du temps pour rendre compte des difficultés scolaires de certains élèves. Soit on lui attribue au contraire toute la responsabilité des dysfonctionnements constatés, comme c'est le cas quand on raisonne en terme de "retard" par rapport à la France hexagonale. Cette histoire scolaire coloniale est cependant encore mal connue, et elle est surtout rarement rapportée à ce qui se passait dans les autres parties de l'Empire colonial français à la même époque. De quel legs colonial parle-t-on ici ? Cette conférence reviendra sur deux points en particulier, qui semblent avoir un écho contemporain : la question  des langues d'enseignement et celle de l'obligation scolaire.

Biographie de la conférencière

photo_marie_salaun.jpgMarie SALAÜN est professeure à l’Université Paris Descartes. Elle enseigne l’anthropologie de l’éducation et la sociohistoire de l’école en situations coloniales et postcoloniales au département des Sciences de l’éducation. Ses recherches portent sur l’école sur des terrains autochtones du Pacifique insulaire et des Amériques. Elle s’intéresse aux politiques de l’identité culturelle et à l’anthropologie politique des situations postcoloniales pour comprendre de quoi procède le « legs colonial » en matière scolaire et interroger le mot d’ordre d’une « décolonisation » de l’école. Elle a travaillé notamment sur le rapport à l’école en contexte plurilingue, et aux rapports entre savoirs autochtones et savoirs scolaires. Actuellement, elle mène ces recherches dans un programme ANR Jeunes Chercheurs, Jeunes Chercheuses, AUTOCHTOM, Legs colonial et outre-mer autochtones. Kanak de Nouvelle-Calédonie, Amérindiens de Guyane et Mā’ohi de Polynésie face à deux institutions de la République (justice, école).

Dernier ouvrage paru :

Salaün, M., 2013, Décoloniser l’école ? Hawai’i, Nouvelle-Calédonie. Expériences contemporaines, Rennes : Presses Universitaires de Rennes, collection Essais, 304 p. Cet ouvrage part d’une interrogation : comment penser une éducation postcoloniale ? Il y répond en analysant empiriquement deux cas de décolonisation inachevée dans le Pacifique, et deux modèles nationaux a priori incomparables : celui des États-Unis d’Amérique à Hawai’i et celui de la France en Nouvelle-Calédonie. En quoi l’émergence d’un système scolaire qui se veut désormais « culturellement adapté » remet-elle en question « l’indifférence aux différences » qui caractérise le fonctionnement de l’école ? Quels sont les objectifs des réformes en cours, les registres de leur justification, et en quoi sont-ils compatibles ? Jusqu’où les dispositifs adaptés peuvent-ils rompre avec le système éducatif national, et comment les évaluer avec les outils dont on dispose ? La transmission des savoirs autochtones s’est faite jusqu’à présent hors de l’école : quelles peuvent être les conséquences sur la nature de ces savoirs du fait qu’ils soient transmis désormais par l’école ? Jusqu’où peut-on le faire dans le respect de la forme scolaire, et jusqu’où peut-on le faire sans transformer radicalement le rapport des sujets à leur culture ?

 

Articles :

Salaün M., 2016, « Citoyens en principe, indigènes en pratique ? L’obligation scolaire et ses dilemmes à Tahiti sous la IIIème République », Politix, 116, p. 29-52.
Salaün, M., 2016, « Les langues de l’école au temps des Etablissements française de l’Océanie : ce que nous dit la législation coloniale, et ce qu’elle ne nous dit pas », Bulletin de la Société des Etudes Océaniennes, 336, p.  25-53.

Infos pratiques

  • Jeudi 20 avril à 18h15
  • Amphi A3
  • Entrée libre sous réserve des places disponibles