Jeudi 10 décembre à 8h30 (heure de Tahiti)
Soutenance de thèse en doctorat de l’École Doctorale du Pacifique de Vahine RURUA sur le thème «Biodiversité et exploitation des ressources marines en Polynésie française sur la longue durée : étude comparative des archipels des Marquises et des Gambier », jeudi 10 décembre 2020 à 8h30 (heure de Tahiti)
- Département : Lettres, langues et sciences humaines
- Domaine : Anthropologie, Ethnologie, Préhistoire (CNU n°20)
- Spécialité : Archéozoologie
Résumé de la thèse
La pêche a toujours eu un rôle essentiel pour la subsistance des communautés Polynésiennes. La fouille des sites archéologiques dont les stratigraphies remontent jusqu’aux premières installations humaines, livrent en effet de nombreux témoins de l’activité halieutique.
Parmi les vestiges, des engins de pêche (hameçons en nacre, poids de pêche, etc.) associés à un riche dépôt de restes de faune marines (poissons, coquillages, échinodermes, tortues et quelques rares mammifères) sont fréquemment recueillis. Dans notre étude, il s’agit d’aborder la dimension historique de la pêche en Polynésie centrale à partir des assemblages de poissons.
L’analyse systématique des vestiges de faune est une démarche encore peu courante dans la région, il existe néanmoins plusieurs travaux archéo-ichtyologiques conduits en divers archipels depuis l’année 1970. Cependant, le manque de standardisation des méthodologies liées aux recensements des restes minimise toute approche comparative à partir des inventaires de poissons. Pourtant, les profils environnementaux varient d’une île à l’autre et la distribution des espèces peut changer suivant les archipels. Dans ce cadre, nous cherchons à définir les stratégies mises en œuvre par les communautés humaines pour adapter leurs méthodes de capture à la disparité des ichtyofaunes rencontrées dans les différentes îles mais également leurs évolutions sur le long terme.
Pour aborder cette problématique, nous nous sommes intéressés aux développements de la pêche dans deux types d’environnements : un milieu sans lagon (île de Ua Huka aux Marquises) et un avec lagon (aux îles Gambier avec les îlots d’Agakauitai et de Kamaka). Nous y avons développé trois objectifs :
- le premier consiste à recenser la diversité exploitée suivant les sites d’études (en termes de taxon et de poids reconstitué des poissons au moment de la capture) ;
- le second, concerne l’analyse écologique de la pêche par la détermination des micro-environnements ciblés ;
- le troisième, implique l’interprétation des méthodes de capture par l’application des données ethnographiques des pêches traditionnelles. Les collections archéologiques sont analysées indépendamment et les résultats font l’objet d’une discussion visant à distinguer les points communs des aspects spécifiques.
A l’issue des inventaires, 15 000 restes de poissons sont identifiés à plusieurs niveaux de précisions : au rang de la famille au mieux au genre et très rarement à l’espèce. La comparaison de la diversité exploitée entre les deux archipels démontre que malgré l’opposition environnementale des îles un résultat commun apparait : le proche littoral est le premier lieu d’approvisionnement en poisson.
Plusieurs méthodes de captures ont été réalisées durant les époques avec l’utilisation de multiples engins de pêche. Nous avons ainsi relevé des captures supposées quotidiennes effectuées le long du rivage à pied ou à l’aide d’embarcation et des captures potentiellement saisonnières ou séquentielles qui auraient pu être opérées non loin du rivage ou dans le proche large pour les Marquises. Finalement, l’interprétation de l’analyse diachronique autorise à dire que la pêche de proximité perdure depuis les premières installations jusqu’au contact Européen et au-delà.
La démarche innovante développée lors de cette thèse apporte d’ores et déjà de nouveaux éléments de discussions au cadre interprétatif de la pêche en Polynésie centrale jusque-là peu étudié avec un corpus de poissons aussi riche.
Biographie de Vahine Rurua
2014 - Master 2: Environnement Insulaire Océanien, Université de la Polynésie française
2013 - Master 1: Environnement et Gestion de la Biodiversité, Ecole Pratique des Hautes Etudes
2008-2012 - Licence: Science de la Vie et de la Terre, Université de la Polynésie française
Composition du jury
Pr. Éric Conte, CIRAP, Maison des Sciences de l'Homme du Pacifique, UPF, directeur de thèse
Dr. Philippe BÉAREZ, CNRS, UMR AASPE, MNHN, Co-directeur de thèse
Pr. Frédérique CHLOUS, Dépt Homme & Environnement, MNHN, Examinatrice
Dr. Clara LORD, UMR BOREA, Sorbonne Université, Examinatrice
Dr. René GALZIN, EPHE, CRIOBE-PSL Université, Examinateur
Dr. Guillaume MOLLE, Australian National University, Examinateur
Pr. Christine LEFEVRE, Direction des collections, MNHN, Rapporteure
Pr. Patrick KIRCH, University of Hawaii, Rapporteur
Pour assister à la soutenance, contactez Eric CONTE - eric.conte@upf.pf ou 40 803 826