Soutenance de thèse de Yasmina TAEREA

Actualités ,

Soutenance de thèse en doctorat de l’École Doctorale du Pacifique de Yasmina TAEREA : Quand mourir, c'est punir. Approche socio-anthropologique du suicide en Polynésie française, vendredi 6 décembre 2024 à 8h à l'Auditorium du pôle recherche.

 

 

  • Département : Lettres et sciences humaines
  • Discipline : Sciences humaines et humanités, CNU n°20
  • Spécialité : Anthropologie

Résumé de la thèse

Si le phénomène du suicide n'est pas spécifique à la Polynésie française, il reste néanmoins déterminé par des spécificités locales. Ces particularités sont multiples. Parmi celles-ci, les passages à l'acte sont liés aux formes d'interdépendance au sein des familles polynésiennes et aux modalités de communication qui organisent leurs relations. Dans ce contexte, notre thèse en socio-anthropologie s’intéresse au phénomène du suicide et l’étudie sous l’angle de la question du genre, du rapport qu’entretiennent les Polynésiens avec la mort au travers des mondes des vivants et des morts, c’est-à-dire, du ao et du ainsi que des violences familiales et conjugales.


Pour élaborer notre thèse, nous avons cherché à déterminer les causes et les raisons socioculturelles qui conditionnaient le passage à l'acte suicidaire. À cette fin, nous avons mené une étude de terrain d’une douzaine d’années, laquelle a été réalisée en deux phases : de 2009 à 2015 et de 2020 à 2024. Nous avons privilégié une approche qualitative développée autour de deux axes, d’une part des entretiens semi-directifs auprès des personnes suicidantes, c'est-à-dire, ayant fait une ou plusieurs tentatives de suicide au cours de leur vie et endeuillées par le suicide d'un proche parent, appelé « fēti'i » et d’autre part, un travail d'archives. 


Entre 2009 et 2015, nous avons d'abord rencontré plus d’une centaine de suicidants, qui résidaient dans l'archipel de la Société, à Moorea, Bora-Bora, Huahine en général, et à Tahiti en particulier, au Centre psychiatrique de la Polynésie française, à leur domicile ou dans des espaces publics. Ensuite, nous nous sommes rendus à Rangiroa dans l’archipel des Tuamotu, puis à Raivavae aux Australes pour y mener des études comparatives. Nous avons également participé à des groupes de parole organisés par l'Association « SOS Suicide » durant lesquels, nous y avons rencontré des familles endeuillées par le suicide d'un proche, ce dernier étant souvent un adolescent ou jeune adulte. Enfin, nous avons eu l'occasion de consulter les dernières volontés des personnes ayant choisi de mettre fin à leurs jours, en accédant aux procès-verbaux décrivant les circonstances de leur décès ainsi qu'à leurs lettres d'adieu. Ces écrits étaient conservés comme des pièces à conviction dans les dossiers judiciaires du Tribunal de Première Instance de Papeete, à Tahiti.


Entre 2020 et 2024, notre objectif était de mettre à jour nos données par rapport à celles dont nous disposions et de traiter le phénomène du suicide en milieu carcéral et en contexte pandémique de Covid-19. Notre analyse a pris en compte les raisons du suicide commis par les détenus, telles que l'isolement ou encore le stress psychologique. Nous avons également étudié l'impact de la pandémie de Covid-19 sur la santé mentale des populations en Polynésie française. Grâce à ces recherches, nous avons pu fournir des informations actualisées.

 

Abstract

If the phenomenon of suicide is not specific to French Polynesia, it nevertheless remains determined by local specificities. These particularities are multiple. Among these, acting out is linked to forms of interdependence within Polynesian families and to the modalities of communication which organize their relationships. In this context, our thesis in socio-anthropology is interested in the phenomenon of suicide and studies it from the angle of the question of gender, the relationship that Polynesians have with death through the worlds of the living and the dead. , that is to say, ao and as well as family and marital violence.


To develop our thesis, we sought to determine the causes and sociocultural reasons which conditioned the passage to the suicidal act. To this end, we conducted a field study lasting a dozen years, which was carried out in two phases: from 2009 to 2015 and from 2020 to 2024. We favored a qualitative approach developed around two axes, 'on the one hand, semi-structured interviews with suicidal people, that is to say, having made one or more suicide attempts during their life and bereaved by the suicide of a close relative, called “fēti'i” and on the other hand, archival work.


Between 2009 and 2015, we first met more than a hundred suicides, who resided in the Society archipelago, in Moorea, Bora-Bora, Huahine in general, and in Tahiti in particular, at the Psychiatric Center of the French Polynesia, at their home or in public spaces. Then, we went to Rangiroa in the Tuamotu archipelago, then to Raivavae in the Austral Islands to carry out comparative studies. We also participated in discussion groups organized by the “SOS Suicide” Association during which we met families bereaved by the suicide of a loved one, the latter often being a teenager or young adult. Finally, we had the opportunity to consult the last wishes of people who chose to end their lives, by accessing the minutes describing the circumstances of their death as well as their farewell letters. These writings were preserved as exhibits in the legal files of the Court of First Instance of Papeete, in Tahiti.


Between 2020 and 2024, our objective was to update our data compared to those available to us and to address the phenomenon of suicide in prisons and in the context of the Covid-19 pandemic. Our analysis took into account the reasons for suicide committed by prisoners, such as isolation or psychological stress. We also studied the impact of the Covid-19 pandemic on the mental health of populations in French Polynesia. Thanks to this research, we were able to provide up-to-date information.

 

Composition du jury

  • Pr Natacha GAGNE, professeure des universités - Département Anthropologie - Université de Laval (Québec), Rapporteure - Examinatrice 
  • Pr Christine JOURDAN, professeure des universités - Département Sociologie et Anthropologie - Université Concordia (Québec), Rapporteure - Examinatrice
  • Dr Loïs BASTIDE, maître de conférences - Laboratoire EASTCO - Université de la Polynésie française - Examinateur 
  • Pr Bruno SAURA, professeur des universités - Laboratoire EAST CO - Université de la Polynésie française - Directeur de thèse